Au nom de la concurrence

La concurrence tourne à plein régime au sein de l'équipe de France, l'encadrement l'a encore prouvé dans sa sélection pour le match contre l'Irlande vendredi. Outre la titularisation de Sébastien Chabal, les mises sur le banc d'Aurélien Rougerie et surtout de Yannick Jauzion sont les deux faits marquants de cette annonce. L'autre choix attendu était celui du talonneur, et le capitaine Raphaël Ibanez (photo L'Equipe) retrouve sa place au coeur du combat.

Chabal «apporte de la confiance»

Devant un auditorium qui n'avait jamais accueilli autant de journalistes, Jo Maso et Bernard Laporte ont donc cité le nom des quinze joueurs chargés de maintenir les Bleus en vie. Premier point : numéro deux et capitaine, Ibanez. L'incident diplomatique est clos, le talonneur des Wasps reprend sa place et ses galons, avec on l'imagine une envie énorme. Commentaire de Maso : «Nous n'avons eu aucune hésitation, à partir du moment où le staff médical nous a rassurés entièrement.» Ibanez jouera sans doute gros vendredi soir, mais la confiance qui lui est maintenue est un signe fort au sein du groupe. Derrière lui, il sentira la poussée rageuse de Sébastien Chabal, le phénomène de l'équipe de France, qui est titularisé en seconde ligne alors qu'on attendait plutôt Lionel Nallet, un vrai spécialiste du poste. Le choix est pourtant logique pour Laporte : «Ce sont les performances de Sébastien qui nous ont décidés. Il est en haut de l'affiche, il apporte de la confiance, il apporte quelque chose d'indéniable à l'équipe de France, avec tout ce qui se passe autour de lui. Mais ce qui se passe autour de lui, c'est parce qu'il est bon sur terrain. Il est en pleine forme.»

Jauzion sur le banc

Des cinq tauliers désignés du XV de France, deux seulement seront sur la pelouse au coup d'envoi (Ibanez et Betsen). Pelous blessé, Dominici à court de forme, Yannick Jauzion sera sur le banc, lui la pierre angulaire de la ligne de trois quarts tricolore depuis quatre ans. Surprenant ? Sûrement pas, si l'on écoute l'entraîneur des Bleus : «Il est moins en forme que les autres, c'est aussi simple que cela. On a vu avec les préparateurs physiques qu'il a manqué 35% des entraînements par rapport aux autres (à cause de problèmes personnels, puis de pépins physiques). Ça rejaillit sur son état de forme. Ce n'est pas le Yannick que l'on connaît, avec son potentiel maximal. Il doit travailler un peu plus.» David Marty est donc reconduit aux côtés de Traille, malgré quelques ballons relâchés dimanche soir. Pas rédhibitoire selon Maso : «il nous a très convaincus. Ce n'est pas parce qu'il pardu quelques ballons qu'on va lui en tenir rigueur. Sinon on laisserait beaucoup de monde sur la touche de temps en temps.»

Les autres postes en question étaient comme d'habitude les ailes et la troisième ligne. Les deux ailiers titulaires seront donc les deux Toulousains Vincent Clerc et Cédric Heymans, comme contre la Namibie. Au nom de la concurrence, une fois de plus : «Quand on voit la performance de Vincent et de Cédric, j'imagine ce qu'ils auraient dit s'ils n'avaient pas été sélectionnés. Ils auraient pensé : que faut-il faire pour y être? Ça ne se joue à rien, mais Vincent est certainement celui qui est le plus en forme aujourd'hui, et Cédric est à l'initiative de beaucoup de choses. Et puis il nous apporte son pied gauche.» Lorsqu'on lui demande si l'essai de Clerc à Croke Park, qui avait donné la victoire aux Bleus, a joué en sa faveur, Laporte, très en forme (ça faisait longtemps), a répondu, hilare : «Bien sûr que non, c'était il y a six mois ! Sinon on aurait mis Blanco pour son essai en demi-finale en 1987 ! » Au moins l'ambiance a l'air détendue à quelques jours de ce match crucial.

En troisième ligne, Bonnaire est titulaire d'entrée en huit avec la blessure au pouce d'Harinordoquy, et Dusautoir est comme prévu titularisé avec Betsen. Olivier Milloud et Jérôme Thion retrouvent aussi logiquement leur place dans un match où le coaching aura un rôle important. Au final, Laporte et Maso ont sélectionné «l'équipe du moment, en fonction des trois blessés, les méformes, et ceux qui sont en forme.» Cette équipe a le destin du XV de France entre ses mains.

Le XV de départ: Poitrenaud - Clerc, Marty, Traille, Heymans - (o) Michalak, (m) Elissalde - Dusautoir, Bonnaire, Betsen - Thion, Chabal - De Villiers, Ibanez (cap.), Milloud.
Remplaçants: Szarzewski, Poux, Nallet, Nyanga, Beauxis, Jauzion, Rougerie.