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29 avril 2007

Les Templiers 4ème partie...et fin

La chute de l'ordre du Temple fait également l'objet d'une polémique. Elle serait le fait du roi de France Philippe IV le Bel qui aurait agi dans le but unique de s'approprier le trésor des Templiers.
Cependant, les raisons pour lesquelles l'ordre a été décimé sont beaucoup plus complexes et celles exposées ci-dessous n'en représentent probablement qu'une infime partie.

Les raisons

La chute de Saint-Jean d'Acre (28 mai 1291)

Une des premières raisons fut la perte de la ville de Saint-Jean d'Acre, qui entraîna celle de la Terre sainte.
En effet, le 28 mai 1291, les croisés perdirent Acre à l'issue d'une bataille sanglante. Les chrétiens furent alors obligés de quitter la Terre Sainte et les ordres religieux tels que les Templiers ainsi que les Hospitaliers n'échappèrent pas à cet exode.
Or, une fois en Occident, la question de l'utilité de l'ordre du Temple s'est posée car il avait été créé à l'origine pour défendre les pèlerins allant à Jérusalem sur le tombeau du Christ.

Le Temple, bras armé du pape

La plus célèbre des querelles entre un pape et un roi est sans doute celle qui a opposé Philippe IV le Bel à Boniface VIII, ce dernier ayant affirmé la supériorité du pouvoir papal sur le pouvoir temporel des rois, en publiant une bulle en 1302 : Unam Sanctam.
La réponse du roi de France arriva sous la forme d'une demande de concile aux fins de destituer le pape, lequel excommunia en retour Philippe le Bel et toute sa famille par la bulle Super Patri Solio.
Boniface VIII mourut le 11 octobre 1303. Son successeur, Benoît XI, eut un pontificat très bref puisqu'il meurt à son tour le 7 juillet 1304. Clément V fut élu pour lui succéder le 5 juin 1305.

Or, à la suite de la chute d'Acre, les Templiers se retirent à Chypre puis revinrent en France occuper leurs commanderies.
Les Templiers possédaient des richesses immenses, augmentées par les biens issus du travail de leurs commanderies (bétail, agriculture…) mais (surtout ?) ils possèdaient une puissance militaire équivalente à quinze mille hommes dont mille cinq cents chevaliers entraînés au combat, force entièrement dévouée au pape. Par conséquent, une telle force ne pouvait que se révéler gênante pour le pouvoir en place. Il est à ajouter que les légistes royaux, formés au droit romain, cherchaient à exalter la puissance de la souveraineté royale. Or, la présence du Temple en tant que juridiction papale limitait grandement le pouvoir du roi sur son propre territoire. L'attentat d'Anagni est un des reflets de cette lutte des légistes pour assurer un pouvoir aussi peu limité que possible au roi. La position des légistes en tant que conseillers du roi a sûrement eu une influence sur Philippe le Bel.

La fusion du Temple et de l'Hôpital

Certains historiens prêtent une part de responsabilité dans la perte de l'ordre à Jacques de Molay, maître du Temple élu en 1293 à Chypre après la perte de Saint-Jean d'Acre.
En effet, suite à la perte d'Acre, un projet de croisade germa de nouveau dans l'esprit de certains rois chrétiens mais aussi et surtout dans celui du pape Clément V. Le pape désirait également une fusion des deux ordres militaires les plus puissants de Terre Sainte et le fit savoir dans une lettre qu'il envoya à Jacques de Molay en 1306.
Le maître y répondit par une autre lettre dans laquelle il s'opposait à cette idée, sans pour autant être catégorique. Cependant, les arguments qu'il avança pour étayer ses propres idées étaient bien minces …

L'arrestation des Templiers

Une action bien préparée

Portrait de Philippe IV le Bel, provenant d'un manuscrit du XVIe siècle

L'idée de détruire l'ordre du Temple était déjà présente dans l'esprit du roi Philippe IV le Bel, mais ce dernier manquait de preuves et d'aveux afin d'entamer une procédure.
Ce fut chose faite grâce à un atout majeur déniché par Guillaume de Nogaret en la personne d'un ancien Templier : Esquieu de Floyran.
Celui-ci avoua en 1305 au roi de France les pratiques obscènes des rites d'entrée dans l'ordre et Philippe le Bel, personnage très pieux, fut choqué par de tels actes. Il écrivit donc au Pape pour lui faire part du contenu de ces aveux.
En même temps, Jacques de Molay, au courant de ces rumeurs, demanda une enquête pontificale au pape. Ce dernier la lui accorda le 24 août 1307.
Cependant, Philippe le Bel était pressé. Il n'attendit pas les résultats de l'enquête et dépêcha des messagers le 14 septembre 1307 à tous ses sénéchaux et baillis, leur donnant des directives afin de procéder à l'arrestation massive des Templiers en France au cours d'une même journée, le vendredi 13 octobre 1307. Le but de cette action menée sur une journée fut de profiter du fait que les Templiers étaient disséminés sur tout le territoire et ainsi d'éviter que ces derniers, alarmés par l'arrestation de certains de leurs frères, ne se regroupent et deviennent alors difficiles à arrêter.

Le vendredi 13 octobre 1307

Au matin du 13 octobre 1307, Guillaume de Nogaret et des hommes d'armes pénètrèrent dans l'enceinte du Temple de Paris où résidait le maître de l'ordre Jacques de Molay. À la vue de l'ordonnance royale qui justifiait cette rafle, les Templiers se laissèrent emmener sans aucune résistance. À Paris, il sera fait 138 prisonniers, en plus du maître de l'ordre.
Un scénario identique se déroula au même moment dans toute la France. La plupart des Templiers présents dans les commanderies furent arrêtés. Ils ne firent preuve d'aucune résistance. Quelques-uns réussirent à s'échapper avant ou pendant les arrestations.
Les prisonniers ont été enfermés pour la plupart à Paris, Caen, Rouen et au château de Gisors. Tous leurs biens furent inventoriés et confiés à la garde du Trésor royal.
Ceux qui en 1306 avaient recueilli Philippe IV le Bel pendant les émeutes de Paris se retrouvaient maintenant enfermés en attendant leur procès.

Le procès

Les interrogatoires et commissions d'enquêtes

Templier embrassant un ecclésiastique, manuscrit de Jacques de Longuyon, vers 1350.

Puisque tous les Templiers du royaume de France ont été arrêtés, Philippe IV le Bel enjoignit les souverains européens (Espagne et Angleterre) à faire de même. Tous refusèrent car ils craignaient les foudres du pape. Le roi de France n'en fut pas découragé et ouvrit donc le procès des Templiers.

Cependant, l'ordre du Temple était un ordre religieux et ne pouvait subir à ce titre la justice laïque. Philippe le Bel demanda donc à son confesseur, Guillaume de Paris, aussi Grand Inquisiteur de France, de procéder aux interrogatoires des cent trente-huit Templiers arrêtés à Paris. Parmi ces chevaliers, trente-huit moururent sous la torture, mais surtout le début des "aveux" avait été enclenché.
Parmi les pêchés revenant le plus souvent, l'Inquisition entendit parler du reniement de la Sainte-Croix, du reniement du Christ, de la sodomie et de l'adoration d'une idole (appelée le Baphomet). Seuls trois Templiers résistèrent à la torture et n'avouèrent aucun comportement obscène.

Afin d'essayer de protéger l'ordre du Temple, le pape Clément V fulmina la bulle Pastoralis praeminentiae qui ordonnait aux souverains européens d'arrêter les Templiers qui résidaient chez eux et de mettre leurs biens sous la gestion de l'Église.
De plus, le Pape demandait à entendre lui-même les Templiers à Poitiers. Mais, la plupart des dignitaires étant emprisonnés à Chinon, le roi Philippe le Bel prétexta que les prisonniers (soixante-douze en tout et triés par le roi lui-même) étaient trop faibles pour faire le voyage. Le pape délégua alors deux cardinaux pour aller entendre les témoins à Chinon (il en découla alors le fameux Parchemin de Chinon).

Frères Templiers sur le bûcher, manuscrit anonyme, 1384.

La première commission pontificale eut lieu le 12 novembre 1309 à Paris. Elle avait pour but de juger l'ordre du Temple en tant que personne morale et non comme personne physique. Pour ce faire, elle envoya dès le 8 août une circulaire à tous les évêchés afin de faire venir les Templiers arrêtés pour qu’ils comparaissent devant la commission. Un seul frère dénonça les aveux fait sous la torture : Ponsard de Gisy, précepteur de la commanderie de Payns. Le 6 février 1310, quinze Templiers sur seize clamèrent leur innocence et furent bientôt suivi par la plupart de leurs frères.

Le roi de France souhaita alors gagner du temps et fit nommer à l'archiépiscopat de Sens un archevêque qui lui était totalement dévoué: Philippe de Marigny (demi-frère d'Enguerrand de Marigny).
Celui-ci envoya cinquante-quatre Templiers au bûcher le 12 mai 1310 suite à leurs aveux extorqués sous la torture en 1307. Tous les interrogatoires furent terminés le 26 mai 1311.

Le concile de Vienne (16 octobre 1311)

Le concile de Vienne se tint le 16 octobre 1311 et recélait trois objectifs :

  • statuer sur le sort de l'ordre
  • discuter de la réforme de l'Église
  • organiser une nouvelle croisade.

Cependant, lors du concile, quelques Templiers décidèrent de se présenter: ils étaient au nombre de sept et désiraient défendre l'ordre.
Le roi, voulant en finir avec l'ordre du Temple, partit en direction de Vienne avec des gens d'arme afin de faire pression sur Clément V. Il arriva sur place le 20 mars 1312.
Le 22 mars 1312, le Pape fulmina la bulle Vox in excelso qui ordonnait l'abolition définitive de l'ordre.
Pour ce qui est du sort des Templiers et de leurs biens, le pape fulmina deux autres bulles:

  • Ad providam le 2 mai 1312, concernait les biens du Temple qui furent légués en totalité à l'ordre de l'Hôpital (à l'exception de l'Espagne et du Portugal, où deux ordres naquirent des cendres de l'ordre du Temple, l'ordre de Montesa et l'ordre du Christ)
  • Considerantes dudum le 6 mai 1312 quant à elle, déterminait le sort des hommes:
    • ceux ayant avoué ou ayant été déclaré innocents se verront attribuer une rente et pourront vivre dans une maison de l'ordre,
    • tous ceux ayant nié ou s'étant rétractés, subiront un châtiment sévère (la peine de mort).

Toutefois, le sort des dignitaires de l'ordre du Temple restait entre les mains du pape.

Le sort des dignitaires

Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay sur le bûcher, enluminure provenant des Grandes Chroniques de France

Une commission pontificale fut nommée le 22 décembre 1313. Elle était constituée de trois cardinaux et d'avoués du roi de France et devait statuer sur le sort des quatre dignitaires de l'ordre. Devant cette commission, ils réitérèrent leurs aveux.
Le 11 ou 18 mars 1314, les quatre Templiers furent amenés sur le parvis de Notre-Dame de Paris afin qu'on leur lise la sentence. C'est là que Jacques de Molay, maître de l'ordre du Temple, Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, Hugues de Pairaud, visiteur de France et Geoffroy de Goneville, précepteur en Poitou-Aquitaine apprirent qu'ils étaient condamnés à la prison à vie.

Toutefois, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay clamèrent leur innocence. Ils avaient donc menti aux juges de l'Inquisition, furent déclarés relaps et devaient subir une autre sentence. Voici la description qu'en fit, dans sa chronique latine, Guillaume de Nangis, un chroniqueur de l'époque : "Mais alors que les cardinaux pensaient avoir mis un terme à cette affaire, voilà que tout à coup et inopinément deux d'entre eux, le grand maître et le maître de Normandie, se défendirent opiniâtrement contre le cardinal qui avait prononcé le sermon et contre l'archevêque de Sens (Philippe de Marigny), revenant sur leur confession et sur tout ce qu'ils avaient avoué."

Le lendemain, Philippe le Bel convoqua son conseil et, faisant fi des cardinaux, condamna les deux Templiers au bûcher. Ils furent conduits sur l'île aux Juifs afin d'y être brûlés vifs.
Geoffroi (ou Godefroi) de Paris fut un témoin oculaire de cette exécution. Il écrivit dans sa chronique métrique (1312-1316), les paroles du maître de l'ordre : "(...)Je vois ici mon jugement où mourir me convient librement; Dieu sait qui a tort, qui a péché. Il va bientôt arriver malheur à ceux qui nous ont condamné à tort : Dieu vengera notre mort. (...)" Proclamant jusqu'à la fin son innocence et celle de l'ordre, Jacques de Molay s'en réfèra donc à la justice divine et c'est devant le tribunal divin qu'il assignait ceux qui sur Terre l'avaient jugé. Les deux condamnés demandèrent à tourner leurs visages vers la cathédrale Notre-Dame pour prier. C'est avec la plus grande dignité qu'ils moururent. Guillaume de Nangis ajouta : "On les vit si résolus à subir le supplice du feu, avec une telle volonté, qu'il soulevèrent l'admiration chez tous ceux qui assistèrent à leur mort…".
La décision royale avait été si rapide que l'on découvrit après coup que la petite île où l'on avait dressé le bûcher ne se trouvait pas sous la juridiction royale, mais sous celle des moines de Saint-Germain-des-Prés. Le roi dût donc confirmer par écrit que l'exécution ne portait nullement atteinte à leurs droits sur l'île.

Retrouvez le texte original ainsi que ces auteurs grâce au lien suivant:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Ordre_du_Temple

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