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6 avril 2007

Le croiseur Colbert

Le croiseur « Colbert », devenu musée flottant dans le port de Bordeaux où il est désormais indésirable, sera remorqué vers Brest probablement fin mai, avant de rejoindre un cimetière marin. La préfecture maritime de l'Atlantique a repéré trois « fenêtres » de marées. « Il s'agit de la fin mai, de la mi-juin ou de la fin juin, mais la première est privilégiée, ce qui signifierait un départ le 29 mai pour une arrivée le 1er ou le 2 juin à Brest », précise le capitaine de frégate Jean-Marie Figue, porte-parole de la préfecture maritime. Le remorquage du navire, long de 181 mètres, qui ne dispose plus de propulsion, constitue une manoeuvre délicate, notamment dans l'estuaire de la Gironde où il devra éviter les bancs de sable. Il sera pris en charge par le remorqueur « Argonaute », avec le renfort d'un deuxième remorqueur, le « Buffle », pour les manoeuvres sur le fleuve.

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Délabrement. Après des travaux d'entretien dans le port de Brest pendant sept à huit semaines, il doit rejoindre le cimetière marin de Landévennec (Finistère), où il servira jusqu'en 2011 de réservoir de pièces de rechange pour les bateaux de sa génération. A l'issue de cette période, la déconstruction du navire inclura un désamiantage « comme pour tous les navires anciens », a indiqué la préfecture maritime.

Le croiseur lance-missiles mis en service en 1959, classé monument historique, avait été désarmé en 1991 avant d'être concédé deux ans plus tard par la Marine nationale à l'association Les Amis du « Colbert ». La mairie de Bordeaux souhaitait le départ de ce bâtiment, amarré en plein centre-ville, invoquant son état de délabrement, la baisse de fréquentation du musée et les difficultés financières de ses exploitants.

Petite histoire...

Transformé en musée à Bordeaux en 1993, l'ex-navire amiral de l'escadre de la Méditerranée pourrait être contraint de partir à la ferraille. C'est en tous cas la position du maire, Hugues Martin : « Le moment est venu de se débarrasser de ce croiseur. Le Colbert n'a plus d'avenir à Bordeaux ». La ville ne souhaite, en conséquence, ne pas renouveler le contrat qui expire fin 2007. Si la mairie bordelaise a le pouvoir d'autoriser, ou non, l'accès au port, elle n'a, en revanche, aucune emprise directe sur le Colbert et sa gestion. Le navire reste propriété de l'Etat, qui a confié sa gestion à une association, « Les amis du Colbert ». Cette dernière n'ayant pas les compétences commerciales requises, une sous-concession a été signée avec une entreprise privée, la « SARL Croiseur Colbert ». Ne comptant plus que 6 salariés, contre une vingtaine il y a quelques années, la société a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts : « Compte tenu de sa taille et de l'âge des matériels, de gros travaux sont nécessaires. La mâture est à refaire, le faisceau électrique se détériore, les rivets et boulons rouillent, ce qui va finir, un jour, par poser des problèmes de sécurité », explique Dominique Bongiovanni.

Aucune subvention

Le gestionnaire du navire n'hésite pas à montrer du doigt l'Etat et le manque de soutien auquel est confronté le musée : « Quand on est propriétaire, on doit se comporter comme tel et non abandonner ce que l'on possède sans y mettre trois sous. Il faut prendre ses responsabilités. Nous n'avons aucune subvention et les quelques unes qui ont été données au départ ont été utilisées pour payer le remorquage et les passerelles d'accès. Soit on prend les choses en main parceque c'est l'image de la marine, son ancien fleuron et que le général De Gaulle a navigué dessus, soit... ». Soit le navire sera ferraillé. Le gestionnaire ne peut, en effet, à lui seul, assurer l'entretien d'une telle masse : « Les coûts sont bien trop importants. Rien que pour la peinture, nous avons fait faire un devis. Il s'élève à 528.000 euros », souligne Dominique Bongiovanni, qui estime le coût des travaux de restauration nécessaires à 1,5 million d'euros. Avec un budget annuel de 200.000 euros, autant dire que le gestionnaire est confronté à un casse tête insoluble. « Il y a un moment où l'entreprise n'y arrive plus. L'erreur a été de ne pas demander à l'Etat de continuer à l'entretenir. Je comprends le maire. Il voit le bateau se détruire peu à peu dans le port. Ce n'est pas bon pour l'image de la ville. Et puis, il ne faut pas oublier qu'il est soumis aux pressions d'un petit groupe de personnes qui n'ont jamais voulu du bateau et qui ont organisé une véritable politique de sabotage ».

Pièces détachées pour la Jeanne d'Arc

Dominique Bongiovanni se veut donc pessimiste sur l'avenir du croiseur, d'autant que la fréquentation a fortement baissé depuis l'engouement des premières années. Seuls 35.000 visiteurs sont montés à bord du Colbert l'an dernier, contre plus de 100.000 à son arrivée. « Sans investissement de l'Etat, nous arrivons à un moment où ça devient infaisable ». Ayant déjà du mal à boucler son budget, on imagine difficilement, sauf miracle, que le ministère de la Défense consente à sauver du naufrage le bâtiment. Bien qu'il ne soit plus opérationnel, la Marine nationale continue pourtant de l'utiliser, comme stock de pièces détachées. Différentes pièces sont régulièrement extraites du Colbert, notamment dans les machines, afin de réparer l'appareil propulsif de la Jeanne d'Arc. Livré cinq ans après son aîné, le navire école de la marine dispose de lignes de coque sensiblement identiques et, surtout, d'une motorisation similaire, les deux bateaux disposant de quatre chaudières multitubulaires. Ce type de propulsion n'étant plus utilisé sur les bâtiments modernes, la marine pourrait avoir encore besoins de son ancien croiseur jusqu'en 2010, date du retrait du service de la Jeanne. La concession entre l'Etat et les Amis du Colbert, comme le contrat entre l'association et la ville de Bordeaux, ne courent toutefois que jusqu'en décembre 2007. Des négociations seront donc engagées par les différents protagonistes pour déterminer quel sera l'avenir de la vieille carcasse. La mairie indique, pour sa part, qu'une solution de désamiantage et de démantèlement est possible via une entreprise girondine. Pour l'heure, rien ne semble encore avoir bougé : « A ce jour, nous n'avons reçu aucun courrier officiel de la mairie de Bordeaux », indiquait-on hier rue Royale.

Une dernière « virée » avec le Clemenceau

Mis sur cale en décembre 1953 à l'arsenal de Brest, le C 611 Colbert est lancé en mars 1956 et admis au service actif en mai 1959. Le bâtiment reprend, en partie, les lignes des croiseurs du type De Grasse (De Grasse, Guichen et Chateaurenault), dont seule la tête de série, mise sur cale en 1939 à Lorient, sera achevé après la guerre. Long de 180.80 pour un déplacement de 11.300 tonnes en charge (en fin de vie), le Colbert est intégré à l'escadre de la Méditerranée. Armé par près d'un millier de marins, Il dispose alors de huit tourelles doubles de 127 mm et dix tourelles doubles de 57 mm. En 1967, le Colbert arrive avec le général de Gaulle au Canada, après huit jours de mer. C'est là, le 24 juillet, que le chef de l'Etat prononcera son retentissant « Vive le Québec libre ! ». L'ère du missile ayant supplantée celle du canon, le navire est totalement refondu, entre 1970 et 1972. Transformé en croiseur lance-missiles surface-air, il est doté d'un système antiaérien Masurca (48 missiles) et deux tourelles de 100 mm. Il conservera, par ailleurs, six tourelles doubles de 56 mm. C'est en 1980 qu'il recevra ses missiles antinavires Exocet MM 38. Bâtiment amiral de l'escadre de la Méditerranée, basée à Toulon, il accompli sa dernière mission opérationnelle en 1990. L'invasion du Koweït par les troupes irakiennes de Saddam Hussein entraîne une riposte des alliés occidentaux. En août, le Colbert reçoit l'ordre d'escorter le Clemenceau qui, faute de mieux, sert de transport de matériels pour l'Armée de Terre. Après cette ultime « virée » avec le porte-avions, le croiseur rentre à Toulon, où il est désarmé le 24 mai 1991.

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G
Bonjour, je voudrais savoir si quelques "reste" du COLBERT , avant son départ de BORDEAUX ou après son arrivé pour destruction, genre écusson ou objets estampiller "croiseur COLBERT" peuvent être acheter quelque part ?
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